CULTURE AMERINDIENNES - Festival de cinéma et d'ethnographie - Du 20 au 24 mars 2024

Editorial 2024

Le festival Altérités réunit chaque année un public tout simplement curieux autour du cinéma et de l’ethnographie. Pour cette 8e édition, nous vous proposons de venir à la rencontre de communautés Amérindiennes. Le temps du festival nous ouvrirons une fenêtre sur la grande diversité et la richesse des cultures Ashaninka, Cacuas, Gavião, Guarani, Kali’na, Mandan, Navajo, Yanomami,…

Objet de nombreuses utopies (Pascal Dibie), ces communautés ont dans un même temps été victimes d’exterminations, de privations de leurs terres et de leurs cultures. Aussi en partageant leur quotidien, les anthropologues sont bien souvent devenus chacun à leur façon des militants. Certains en faisant le choix du silence, refusant de « faire le savant », d’autres en partageant les caméras (la création des associations Vidéo dans les villages au Brésil et Wapikoni mobile au Canada), d’autres encore en parcourant le monde pour porter la parole des autochtones (les membres de l’association Survival International). Le réalisateur Sergio Guataquira Sarmiento interroge son histoire familiale en portant un regard critique sur les éternels explorateurs de passage aux côtés des Amérindiens. La linguiste Julie Marsault s’est, elle engagée à titre personnel pour participer à la revitalisation d’une langue siouane en faisant le choix de dissocier cet engagement de ses travaux universitaires. Le temps du festival, nous accueillerons cette diversité de points de vue et d’engagements sur le terrain. L’ethnographie est une science fondée sur une connaissance issue du terrain, une science en mouvement, le festival Altérités porte ces évolutions.

Comment nommer de façon globale un ensemble de communautés ? C’est une question que nous avions également abordée l’année dernière au sujet des « tsiganes ». Si le terme « Amérindien » reste acceptable en France pour désigner une totalité pourtant disparate, il est devenu désuet au Canada et trop proche du terme « Indien » qui, lui, est désormais perçu comme péjoratif. Le terme d’autochtone, alors qu’il semble faire consensus en rappelant la primauté d’occupation des territoires peut aussi être vu comme un transfert de concepts occidentaux. Ainsi Roger Renaud prendra le temps de nous exposer ses réflexions sur le concept complexe d’autochtonie qui ne dit rien des rapports des Indiens à la terre.

Le choix du nom par lequel sont désignées les communautés évolue avec le temps, les territoires et selon la compréhension de la diversité de ces cultures et de leurs histoires. Cette question de la désignation de l’autre est une question fondamentale, mais qui accepte des réponses diverses. L’essentiel réside aussi dans l’intention, le soin de respecter l’autre.

Le partenariat avec la MRSH-Université de Normandie et en particulier avec le programme FRESH nous a offert la possibilité d’accueillir le réalisateur franco-brésilien Vincent Carelli. Celui-ci se fait très rare en France et nous mesurons la chance que nous avons de le recevoir à Caen. Bon festival !

 

Monsieur Edouard de Lamaze
Président de l'EPCC La Fabrique de patrimoines en Normandie

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